30. juin 2021

Goldberg

De la musique que je peux écouter dans n’importe quelle humeur sont les Variations Goldberg, le „Saint Graal“ de la musique pour piano. Les versions de ces quatre pianistes j’aime particulièrement :

1 ― Glenn Gould
Practiquement le gardien du Graal. Il en existent deux enregistrements complets de lui. Les tempi de Gould vont de très rapides à extrêmement lents, mais son jeu est si clair que c’est toujours une bonne satisfaction de le suivre à travers les 30 variations.

2 ― Zhu Xiao-Mei
Le jeu de piano de la pianiste franco-chinoise est porté par un calme et une simplicité profonde. Il met en lumière l’essence des variations de Bach sans que l’enregistrement ne manque de vivacité joyeuse (2007, harmonia mundi).

3 ― Wilhelm Kempff
Version très sympathique (1970, Deutsche Grammophon), remarquable par son omission de toute ornémentation.

4 ― Dan Tepfer
Le pianiste de jazz américain joue toutes les variations (dans un rythme très particulier) en alternant avec ses propres interprétations libres (2011, Sunnyside). C’est une expérience d’écoute inhabituellement excitante et souvent très drôle. Parfois, on a l’impression que l’interprète a le hoquet… (l’Hoquetus - c’est d’ailleurs aussi un propre genre musical »).

Petit jeu interessant : jouez successivement le même morceau de chaque enregistrement et terminez par l’improvisation libre de Tepfer.

À lire : „Le lambeau“ de Philippe Lançon (2018, Gallimard). Le journaliste de culture, qui a survécu à un attentat dans la rédaction de Charlie Hebdo en 2015 avec des blessures graves, décrit dans ce récit impressionnant son long rétablissement physique et mental. Outre la littérature (Proust, Kafka et „La montagne magique“ de Mann) et des films, les œuvres pour piano de Bach, en particulier les Variations Goldberg, l’ont aidé à conserver sa dignité et lui ont donné la force de poursuivre sa guérison. Un livre merveilleux sur l’importance de l’art et de la culture comme essence de vie.